Contexte

L’acétate de chlormadinone (CMA) est un progestatif de synthèse pour lequel des cas de méningiomes intracrâniens ont été signalés à la suite d’une exposition prolongée.

Méthode

Une étude de cohorte observationnelle a été menée à partir des données du système national de données de santé français. Toutes les femmes âgées de 10 à 70 ans qui ont débuté un traitement par acétate de chrlormadinone entre 2007 et 2017 ont été incluses. Elles ont été considérées comme exposées si elles avaient reçu une dose cumulée >360 mg d’acétate de chlormadinone au cours des 6 premiers mois de traitement, et très faiblement exposées (groupe témoin) lorsqu’elles avaient reçu une dose cumulée ≤360 mg. L’évènement d’intérêt était le traitement par chirurgie ou radiothérapie pour un ou plusieurs méningiome(s) intracrânien(s) durant la période d’étude. Des modèles de Poisson ont permis d’évaluer le risque relatif (RR) de méningiome chez les femmes exposées.

Résultats

Au total, 828 499 femmes ont été incluses : 469 976 dans le groupe exposé (âge moyen = 39,1 ans, écart-type = 10,1 ans) et 358 523 dans le groupe témoin (âge moyen = 38,3 ans, écart-type = 11,0 ans). Une chirurgie ou une radiothérapie pour un ou plusieurs méningiome(s) intracrânien(s) entre 2007 et 2017 a été observée pour 164 femmes dans le groupe exposé, et 104 femmes dans le groupe témoin. L’incidence du méningiome était de 18,5 et 6,8 pour 100 000 personnes-années dans les groupes exposé et témoin, respectivement (RR brut = 2,7 (intervalle de confiance à 95 % [IC] 2,1-3,5) ; RR ajusté selon l’âge = 3,1 (IC à 95 % 2,4-4,0)). L’incidence des méningiomes a atteint près de 47 cas/100 000 personnes-années dans le groupe le plus fortement exposé (>8,64 g de dose cumulée totale d’acétate de chlormadinone), ce qui donnait un RR ajusté sur l’âge de 6,9 (IC à 95 % 5,1-9,2) dans ce groupe par rapport au groupe témoin.

Conclusions

Une forte relation dose-effet a été observée entre l’utilisation prolongée de l’acétate de chlormadinone et le risque de méningiome opéré intracrânien. Comme avec d’autres progestatifs, les méningiomes associés à l’acétate de chlormadinone sont plus susceptibles de se trouver à la base du crâne.