Vaccins ARNm Covid‑19 et pronostic à 18 mois des myocardites
Contexte
Les patients atteints de myocardite suite à la vaccination ARNm contre la COVID-19 ont un pronostic généralement favorable en sortie d’hospitalisation, mais leur pronostic et leur prise en charge à plus long terme restent inconnus.
Objectif
Étudier les complications cardiovasculaires à 18 mois de la myocardite suite à la vaccination ARNm contre la COVID-19 et des autres types de myocardite, ainsi que la prise en charge des patients (actes diagnostic et médicaments dispensés).
Méthodes
Nous avons identifié toutes les personnes âgées de 12 à 49 ans hospitalisées en France pour une myocardite entre le 27/12/2020 et le 30/06/2022. Ces cas ont été différenciés en myocardite post-vaccinale (lors d’une vaccination ARNm contre la COVID-19 dans les 7 jours précédant), en myocardite post-COVID-19 (lors d’une infection par le SARS-CoV-2 dans les 30 jours précédant), et en myocardite conventionnelle dans les autres cas. Au cours des 18 mois suivant l’admission à l’hôpital, nous avons décrit la survenue de critères de jugement cliniques, i.e. la réadmission à l’hôpital pour myo-péricardite, l’hospitalisation pour un autre événement cardiovasculaire, le décès toute cause, et un critère composite de ces événements, en utilisant des modèles de Cox pondérés et en standardisant les résultats par rapport aux cas de myocardite conventionnelle. Nous avons également étudié de manière longitudinale la prise en charge médicale des patients en sortie d’hospitalisation à l’aide de modèles à équations d’estimation généralisées.
Résultats
Au total, 4 635 individus ont été hospitalisés pour une myocardite : 558 pour une myocardite post-vaccinale, 298 pour une myocardite post-COVID-19 et 3 779 pour une myocardite conventionnelle. Les patients atteints de myocardite post-vaccinale étaient plus jeunes que ceux atteints de myocardite post-COVID-19 ou de myocardite conventionnelle (âge moyen [écart-type] : 25,9[8,6], 31,0[10,9] et 28,3[9,4], respectivement) et étaient plus souvent des hommes (84%, 67% et 79%, respectivement). Les patients atteints de myocardite post-vaccinale présentaient une incidence standardisée sur le critère de jugement composite plus faible que ceux atteints de myocardite conventionnelle (32/558 contre 497/3 779 événements, respectivement, rapport des risques pondéré [wHR], 0,55 [IC 95% 0,36-0,86]), tandis que les cas de myocardite post-COVID-19 présentaient un risque pondéré similaire à ceux atteints de myocardite conventionnelle (36/298 événements, wHR 1,04 [IC 95% 0,70-1,52]). La fréquence standardisée de dispensation des actes diagnostics et des médicaments chez les patients atteints de myocardite post-vaccinale ou de myocardite post-COVID-19 suivait une tendance similaire à celle des patients atteints de myocardite conventionnelle dans les 18 mois suivant la sortie de l’hôpital.
Conclusion
Les patients atteints de myocardite attribuable à la vaccination ARNm contre la COVID-19, contrairement aux patients atteints de myocardite attribuable à la COVID-19, présentaient moins de complications cardiovasculaires que les patients atteints de myocardite conventionnelle à 18 mois. Cependant, les patients atteints de myocardite attribuable à la vaccination ARNm contre la COVID-19, principalement de jeunes hommes en bonne santé, pouvaient nécessiter une prise en charge médicale jusqu’à plusieurs mois après leur sortie d’hospitalisation.
Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication dans le JAMA.
Pronostic à 18 mois des cas de myocardite attribués à la vaccination ARNm contre la COVID-19, à l’infection par le SARS-CoV-2, ou à d’autres étiologies