Covid-19 et interventions chirurgicales courantes impliquant des dispositifs médicaux implantables
Etat des lieux de cinq interventions courantes impliquant des dispositifs médicaux implantables : conséquences liées au Covid-19 en France en 2020 et de janvier à avril 2021. Étude menée à partir des données du SNDS.
L’objectif principal de l’étude était d’estimer, pour chacun des cinq types d’interventions chirurgicales détaillées ci-dessous, le nombre de séjours hospitaliers observé comparé à celui attendu en 2020 d’une part, et de janvier à avril 2021 d’autre part. L’objectif secondaire était de décrire les caractéristiques des séjours d’hospitalisation pour ces cinq mêmes types de chirurgie en 2020 et les comparer aux années précédentes 2018 et 2019.
Ce travail a porté sur l’ensemble de la population française à partir des données du SNDS. Il a montré une diminution importante de l’activité chirurgicale en 2020 comparée à celle attendue et dans une moindre mesure de janvier à avril 2021, pour cinq types d’interventions courantes impliquant des DMI. L’arthroplastie avec prothèse de genou était en forte baisse de -25% en 2020 et de -19% entre janvier et avril 2021. La chirurgie de la cataracte (cristallin artificiel) était en forte baisse (-22%) en 2020 et en baisse modérée (‑3%) entre janvier et avril 2021. L’arthroplastie avec prothèse de hanche était en baisse de -13% en 2020 et de -7,5% entre janvier et avril 2021. L’angioplastie coronaire (stent) était en baisse de ‑11% en 2020 et de -6% entre janvier et avril 2021, par rapport à l’attendu sur les mêmes périodes. La stimulation cardiaque définitive (pacemaker) était en baisse modérée de -3% en 2020 et en hausse relative de +2% entre janvier et avril 2021. Les hospitalisations en situation urgente (syndrome coronaire aigu nécessitant le recours à des stents coronaires ou fracture du col fémoral nécessitant une prothèse de hanche) était également en baisse par rapport à l’attendu, mais dans une moindre mesure.
Notre étude a permis de quantifier pour la première fois à l’échelle nationale à quel point l’épidémie de Covid-19 a bouleversé l’activité chirurgicale programmable et urgente impliquant le recours à l’implantation de dispositifs médicaux, avec des conséquences organisationnelles et des impacts potentiels sur la population française en termes de morbi-mortalité. Plusieurs facteurs liés à l’épidémie et aux mesures prises par les pouvoirs publics en 2020 et 2021 pour l’endiguer expliquent nos résultats, parmi lesquelles la mise en place au niveau national de 3 périodes de restrictions des déplacements de la population, la crainte persistante des patients sur le risque de contamination par la Covid-19, la déprogrammations des activités chirurgicales, la diminution de la capacité des chambres, la limitation du stock de certains médicaments à base de curares, la mobilisation des équipes soignantes dans les unités Covid-19 et l’épuisement de ces équipes soignantes.
EPI-PHARE va poursuivre sa mission de surveillance épidémiologique des produits de santé dans le domaine des dispositifs médicaux implantables en prolongeant le suivi de ces chirurgies courantes jusqu’à un retour à une situation plus normalisée. Cette surveillance continuera d’être menée à partir des données exhaustives de remboursement de l’assurance (données Système National des Données de Santé (SNDS)).
Qu’est-ce que cette étude apporte en termes de santé publique ?
- Il s’agit de la première étude sur l’ensemble de la population française décrivant l’activité chirurgicale de plusieurs types d’interventions courantes nécessitant le recours à des dispositifs médicaux implantables (DMI).
- Cette activité chirurgicale a été fortement impactée par l’épidémie de Covid-19 en France pour les séjours programmés en 2020 et sans rattrapage jusqu’en avril 2021.
- L’arthroplastie avec prothèse de genou était en forte baisse de -25% en 2020 et de -19% entre janvier et avril 2021, par rapport à l’attendu sur les mêmes périodes.
- La chirurgie de la cataracte (cristallin artificiel) était en forte baisse (-22%) en 2020 et en baisse modérée (-3%) entre janvier et avril 2021, par rapport à l’attendu sur les mêmes périodes.
- L’arthroplastie avec prothèse de hanche était en baisse de -13% en 2020 et de -7,5% entre janvier et avril 2021, par rapport à l’attendu sur les mêmes périodes.
- L’angioplastie coronaire (stent) était en baisse de -11% en 2020 et de -6% entre janvier et avril 2021, par rapport à l’attendu sur les mêmes périodes.
- La stimulation cardiaque définitive (pacemaker) était en baisse modérée de -3% en 2020 et en hausse relative de +2% entre janvier et avril 2021, par rapport à l’attendu sur les mêmes périodes.
- Les hospitalisations en situation urgente (syndrome coronaire aigu nécessitant le recours à des stents coronaires ou fracture du col fémoral nécessitant une prothèse de hanche) était également en baisse par rapport à l’attendu, mais dans une moindre mesure.
- Le non recours ou les difficultés d’accès aux soins hospitaliers des patients n’est probablement pas la seule explication à ces baisses en particulier pour les situations urgentes nécessitant des DMI. Des investigations plus précises sont toutefois nécessaires pour identifier et préciser les facteurs à l’origine de la baisse de l’activité chirurgicale (limitation des activités de la vie courante, redéploiement des équipes soignantes en secteurs Covid-19…).
- Le rattrapage de la chirurgie dite programmée pourrait prendre plusieurs années.
Covid-19 et interventions chirurgicales courantes impliquant des dispositifs médicaux implantables
Dufour, E. et al. (2022). Annals of Medicine and Surgery, 77, 103721.