Finastéride et risque suicidaire
Contexte
Le finastéride, un inhibiteur de la 5α–réductase utilisé dans l‘hyperplasie bénigne de la prostate et l‘alopécie androgénétique, a été associé à un risque suicidaire accru, sans savoir si ce risque est similaire à celui d‘un autre inhibiteur de la 5α–réductase, le dutastéride.
Objectif et méthode
Nous avons cherché à évaluer le risque de comportements suicidaires avec le finastéride par rapport au dutastéride. Une étude de cohorte nationale a été menée à partir du Système National des Données de Santé (SNDS).
Les hommes âgés de 50 ans ou plus ayant commencé à prendre du finastéride 5 mg ou du dutastéride 0,5 mg en France entre le 1er janvier 2012 et le 30 juin 2016 ont été inclus et suivis jusqu‘au critère de jugementnt (décès par suicide identifié sur le certificat de décès ou hospitalisation pour automutilation), l‘arrêt ou le changement de traitement, le décès, ou jusqu’à la date du 31–12–2016. Les automutilations violentes ou ayant entraîné une admission en unité de soins intensifs ont également été examinées.
Les modèles de risques proportionnels de Cox ont contrôlé l‘âge et les conditions psychiatriques et non–psychiatriques par la pondération de la probabilité inverse de traitement (IPTW). Les analyses ont été stratifiées en fonction des antécédents psychiatriques.
Résultats
L‘étude a comparé 69 786 nouveaux utilisateurs de finastéride à 217 577 nouveaux utilisateurs de dutastéride (âge médian : 72,0 ans [Q1–Q3 = 64,5–80,2] vs. 71,1 [Q1–Q3 = 65,0–79,2]). Au cours du suivi, 18 décès par suicide (0,57/1000 années–personnes) et 34 hospitalisations pour automutilation (1,08/1000) sont survenus chez les utilisateurs de finastéride, contre 47 décès (0,43/1000) et 87 hospitalisations (0,79/1000) chez les utilisateurs de dutastéride.
Dans l‘ensemble, le finastéride n‘a pas été associé à un risque accru d‘issue suicidaire (rapport de risque ajusté par l‘IPTW = 1,21 [intervalle de confiance à 95 % : 0,87–1,67]), de décès par suicide ou d‘hospitalisation pour automutilation. Cependant, chez les personnes ayant des antécédents de troubles de l‘humeur, le finastéride a été associé à un risque accru de toute issue suicidaire (25 contre 46 événements ; HR = 1,64 [IC à 95 % 1,00–2,68]), de décès par suicide (8 contre 10 événements ; HR = 2. 71 [IC à 95 % 1,07–6,91]), d‘automutilation par des moyens violents (6 contre 6 événements ; HR = 3,11 [IC à 95 % 1,01–9,61]) et d‘automutilation avec admission dans une unité de soins intensifs (7 contre 5 événements ; HR = 3,97 [IC à 95 % 1,26–12,5]). Aucun de ces risques n‘était significativement plus élevé chez les personnes n‘ayant pas d‘antécédents psychiatriques.
Conclusion
Ces résultats ne confirment pas l‘existence d‘un risque suicidaire accru lié à l‘utilisation du finastéride dans le traitement de l‘hypertrophie bénigne de la prostate. Un risque accru ne peut toutefois être exclu chez les hommes ayant des antécédents de troubles de l‘humeur, mais ce résultat basé sur un nombre limité d‘événements doit être interprété avec prudence.
Retrouvez l’article sur le site de Scientific Reports