Hospitalisations pour Covid‑19 et transplantation
Importance
La population des transplantés d’organes solides est considérée comme présentant un risque élevé d’infection grave par le SRAS-CoV-2 par rapport à la population générale. Cependant, les facteurs de gravité liés au Covid-19 dans cette population sont encore insuffisamment étudiés dans la littérature.
Objectif
Identifier les médicaments immunosuppresseurs contre le rejet de greffe et les conditions de santé associées au risque d’hospitalisation pour Covid-19 dans les transplantés d’organes solides.
Conception, cadre et participants
En utilisant le système national de données de santé français, nous avons mené une étude de cohorte incluant tous les patients, quel que soit leur âge, qui ont été transplantés entre leur date de naissance et l’entrée dans la cohorte le 15 février 2020. La cohorte a été suivie entre le 15 février 2020 et le 31 juillet 2022.
Expositions
Médicaments immunosuppresseurs, y compris les stéroïdes, et conditions de santé (âge, sexe, privation sociale et comorbidités).
Principaux résultats et mesure
Le résultat était l’hospitalisation pour Covid-19, définie par les principaux codes diagnostiques de la CIM10. Les facteurs associés au résultat ont été identifiés à l’aide d’une régression logistique non conditionnelle. Les facteurs de confusion liés à l’indication ont été contrôlés à l’aide d’un modèle multivariable avec ajustement pour les facteurs de confusion individuels. Nous examinerons chaque organe transplanté séparément.
Résultats
Au total, 60 456 participants (âge médian 59 IQR [47-67] ans, 36% de femmes) inclus dans l’étude, 41 463 (58[47-67] ans, 38% de femmes), 14 464 (61[50-68] ans, 33% de femmes), 5 327 (58[46-67] ans, 26% de femmes) et 2 823 (53[38-63] ans, 47% de femmes) ont subi une greffe de rein, de foie, de cœur et de poumon, respectivement. Parmi eux, 12,5 %, 6,4 %, 12,9 % et 18 % des transplantés rénaux, hépatiques, cardiaques et pulmonaires ont été hospitalisés pour une Covid-19, respectivement. Chez les transplantés rénaux, les stéroïdes (aOR=1,60 [1,49-1,73]) et l’acide mycophénolique (aOR=1,37 [1,25-1,51]) étaient associés à un risque élevé d’hospitalisation. Chez les transplantés hépatiques, le tacrolimus (aOR=0,77 [0,61-0,98]) est associé à une diminution du risque et les stéroïdes (aOR=1,60 [1,38-1,86]), l’acide mycophénolique (aOR=1,61 [1,37-1,90]) sont associés à une augmentation du risque d’hospitalisation. Chez les transplantés cardiaques, la ciclosporine (aOR=0,67 [0,47-0,94]) est associée à une diminution du risque et les stéroïdes (aOR=1,42 [1,11-1,82]), l’acide mycophénolique (aOR=1,29 [1,02-1,64]), le sirolimus (aOR=2,71 [1,20-6,09]), l’évérolimus (aOR=1,24 [1,01-1,51]) sont associés à une augmentation du risque d’hospitalisation. Seuls les stéroïdes (aOR=1,72 [1,19-2,48]) sont associés à un risque élevé d’hospitalisation pour Covid-19 chez les transplantés pulmonaires.
Conclusion et pertinence
Notre étude suggère que l’acide mycophénolique, le sirolimus et les corticostéroïdes sont associés à un risque accru d’hospitalisation liée au Covid-19 chez les transplantés d’organe.
Retrouvez l’article sur le site de la revue JAMA Network Open