Médicaments biologiques de seconde intention dans le psoriasis
Contexte
De nombreux médicaments biologiques sont disponibles pour le traitement du psoriasis et ont été comparés dans des études en vie réelle sur la base de leur persistance (c’est-à-dire le temps écoulé entre le début et l’arrêt du traitement). Cependant, après l’échec d’un traitement biologique de première intention, il manque des données sur le choix du médicament biologique de deuxième intention parmi les quatre classes disponibles [inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale (TNFi) ; interleukine (IL)-12/inhibiteur de l’IL-23 (IL-12/IL-23i) ; inhibiteurs de l’IL-17 (IL-17i) ; et inhibiteurs de l’IL-23 (IL-23i)].
Objectif de l’étude
Comparer la persistance à long terme des médicaments biologiques de deuxième intention disponibles dans le psoriasis en fonction de l’exposition antérieure.
Méthode
Cette étude de cohorte nationale s’est appuyée sur la base de données administrative des soins de santé de l’assurance maladie française, reliée à une base de données des sorties d’hôpital. Les participants étaient des adultes atteints de psoriasis, définis comme ayant eu au moins deux prescriptions d’un dérivé topique de la vitamine D au cours d’une période de deux ans, et ayant commencé un traitement biologique de deuxième intention entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2021. Nous avons inclus les patients qui ont commencé un traitement biologique de deuxième intention directement après l’arrêt du traitement de première intention (c’est-à-dire sans période d’élimination). La fin du suivi a été fixée au 30 juin 2022. L’arrêt du traitement a été défini comme une absence de plus de 90 jours de prescription du même traitement après la période couverte par la prescription précédente. La comparaison de la persistance par classe biologique a impliqué l’utilisation de modèles de Cox pondérés par le score de propension (pondération de la probabilité inverse du traitement) et l’ajustement des non-biologiques systémiques spécifiques (variables dépendantes du temps).
Résultats
Nous avons inclus 8693 patients [âge moyen (écart-type) 50 (14) ans ; 50,5 % d’hommes] ; 2824 (32,5 %) ont commencé un traitement par TNFi, 1561 (18,0 %) par IL-12/IL-23i, 2707 (31,1 %) par IL-17i et 1601 (18,4 %) par IL-23i.
Globalement, les taux de persistance à 1 et 3 ans étaient respectivement de 60 % et 30 %. Après pondération et ajustement, la persistance était plus longue avec l’IL-12/IL-23i [rapport de risque pondéré (HRw) 0,68, intervalle de confiance à 95 % (IC) 0,62-0,76)], l’IL-17i (HRw 0,70, IC à 95 % 0,64-0,78) et l’IL-23i (HRw 0,36, IC à 95 % 0,31-0,42) qu’avec le TNFi, sauf après un traitement de première intention par l’IL-17i, sans différence entre la persistance de l’IL-12/IL-23i, de l’IL-17i et du TNFi en deuxième intention.
La persistance était plus longue avec l’IL-23i en deuxième intention qu’avec l’IL-12/IL-23i (HRw 0,53, IC 95 % 0,44-0,63) et l’IL-17i (HRw 0,51, IC 95 % 0,44-0,60), quel que soit le traitement de première intention, sans différence entre l’IL-12/IL-23i et l’IL-17i (HRw 0,97, IC 95 % 0,87-1,09).
Conclusion
Cette étude en vie réelle suggère que la persistance de l’IL-23i est plus longue que celle du TNFi, de l’IL-17i et de l’IL-12/IL-23i dans le traitement de deuxième intention du psoriasis. Les taux de persistance pour tous les produits biologiques sont restés faibles à 3 ans.
Retrouvez l’article sur le site de British Journal of Dermatology