Médicaments potentiellement inappropriés chez les personnes âgées
Objectif
Les médicaments potentiellement inappropriés (MPI) sont devenus un enjeu majeur pour améliorer les pratiques de prescription et prévenir le risque d’événements médicamenteux indésirables chez les personnes âgées. Cependant, très peu d’études ont comparé l’exposition aux MPI en tenant compte des différences démographiques et de santé entre les résidents en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) et les personnes âgées non institutionnalisés. Cette étude visait à évaluer les habitudes de prescriptions des MPI entre ces différents milieux de vie.
Méthodes
Nous avons réalisé une étude transversale sur une période de trois mois en 2019 à partir des bases de données de l’Assurance maladie française. La population d’étude incluait 274 971 résidents en EHPAD et 4 893 721 résidents à domicile âgés de 75 ans ou plus. Le rapport de prévalence (RP) entre les résidents en EHPAD et les résidents à domicile de 17 indicateurs de MPI, adaptées des listes de Beers et STOPP 2015, a été évalué à l’aide d’une régression de Poisson robuste ajustée sur l’âge, le sexe, les maladies chroniques et la polymédication.
Résultats
Au cours de la période d’étude, 54% des résidents en EHPAD et 29% des personnes âgées vivant à domicile ont reçu au moins un MPI. Après ajustement, la prévalence des MPI était de 33% supérieure chez les résidents en EHPAD par rapport aux personnes âgées vivant à domicile (RPa = 1,33 ; IC 95% [1,33-1,34]). Les résidents en EHPAD ont reçu plus fréquemment des MPI liés aux benzodiazépines (RPa = 1,43 ; IC 95 % [1,42-1,43]), aux anticholinergiques (RPa = 1,29 ; IC 95 % [1,27-1,31]) et une co-dispensation de trois médicaments ou plus actifs sur le système nerveux central (RPa = 1,94 ; IC 95 % [1,92-1,96]). La prévalence des MPI liés aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (RPa = 0,50 ; IC 95 % [0,48-0,52]) et aux benzodiazépines à longues durée d’action (RPa = 0,84 ; IC 95 % [0,82-0,85]) était plus faible chez les résidents en EHPAD.
Conclusion
Les résidents en EHPAD étaient plus à risque de MPI que les personnes âgées vivant à domicile, bien que des différences existent selon la catégorie de MPI. Compte tenu du vieillissement de la population, il est essentiel de promouvoir et d’évaluer les interventions visant à optimiser la médication en population âgée dans les EHPAD et hors EHPAD.
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