PrEP au VIH chez les HSH en France
Introduction
En France, la prophylaxie pré–exposition orale (PrEP) pour la prévention du VIH est accessible au public depuis 2016 et cible principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Des estimations fiables et solides de l‘utilisation réelle de la PrEP chez les HSH au niveau local peuvent fournir, dans le cadre de l’offre actuelle de services de prévention du VIH, des informations supplémentaires pour identifier et mieux atteindre les HSH marginalisés. Cette étude a utilisé les données nationales de surveillance pharmaco–épidémiologique et les estimations régionales de la population des HSH pour modéliser la distribution spatio–temporelle de l‘utilisation de la PrEP chez les HSH en France sur la période 2016–2021 afin d‘identifier les HSH marginalisés à risque pour le VIH et d‘augmenter leur utilisation de la PrEP.
Méthodes
Nous avons d‘abord appliqué des analyses spatiales bayésiennes avec des données d‘incidence du VIH basées sur des enquêtes de surveillance comme proxy spatial pour estimer la taille (1) des populations régionales de HSH séronégatifs et (2) des HSH qui pourraient être éligibles pour l‘utilisation de la PrEP selon les lignes directrices françaises sur la PrEP. Nous avons ensuite appliqué un modèle de régression écologique spatio–temporel bayésien pour estimer la prévalence régionale et la probabilité relative de l‘utilisation globale et nouvelle de la PrEP de 2016 à 2021 dans toute la France.
Résultats
Les populations d‘HSH séronégatifs et éligibles à la PrEP varient d‘une région à l‘autre de la France. L‘Île–de–France a été estimée comme ayant la plus forte densité de HSH par rapport aux autres régions françaises. Selon le modèle spatio–temporel final, la probabilité relative de l‘adoption de la PrEP était hétérogène en France mais est restée stable dans le temps. Les zones urbaines ont des probabilités de recours à la PrEP plus élevées que la moyenne. La prévalence de l‘utilisation de la PrEP a augmenté régulièrement (de 8,8 % [intervalle de crédibilité à 95 % 8,5 %;9,0 %] en Nouvelle–Aquitaine à 38,2 % [36,5 %;39,9 %] en Centre–Val–de–Loire en 2021).
Conclusions
Nos résultats montrent que l‘utilisation de l‘analyse spatiale bayésienne comme nouvelle méthodologie pour estimer la population d’HSH séronégatifs localisés est faisable et applicable. Les modèles spatio–temporels ont montré que malgré l‘augmentation de la prévalence de l‘utilisation de la PrEP dans toutes les régions, des disparités géographiques et des inégalités dans l‘utilisation de la PrEP ont continué à exister au fil du temps. Nous avons identifié les régions qui bénéficieraient d‘efforts accrus en matière d‘adaptation et de distribution. Sur la base de nos résultats, les politiques de santé publique et les stratégies de prévention du VIH pourraient être ajustées pour mieux lutter contre les infections par le VIH et accélérer la fin de l‘épidémie de VIH.
Retrouvez l’article sur le site de The Journal of the International AIDS Society