Contexte

Les médicaments de prophylaxie pré-exposition (PrEP) sont essentiels pour réduire l’infection par le VIH. Il est donc important d’en améliorer l’accès, d’augmenter le nombre d’initiations et d’élargir les populations couvertes. En juin 2021, en France, l’initiation de la PrEP a été étendue en soins primaires. L’objectif de cette étude était de décrire le déploiement et les caractéristiques de l’initiation à la PrEP en soins primaires.

Méthodes

Nous avons réalisé une étude de cohorte nationale à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS). Nous avons inclus toutes les personnes âgées de 15 ans ou plus, qui ont initié une PrEP en soins primaires entre le 1er juin 2021 et le 31 décembre 2022. Nous avons estimé le nombre d’initiations de PrEP par mois sur la période, et les caractéristiques des personnes initiant la PrEP et des prescripteurs, ainsi que l’utilisation de la PrEP.

Résultats

13 500 personnes ont initié une PrEP en soins primaires au cours de la période d’étude. Le nombre moyen d’initiations de PrEP a augmenté de 654 (écart-type 64) par mois entre juillet et décembre 2021, à 783 (écart-type 86) par mois entre juillet et décembre 2022. Les personnes initiant une PrEP étaient majoritairement des hommes (12 996 [96-3%]) avec un âge moyen de 36 ans (écart-type 11-8), qui vivaient dans de grandes zones urbaines (9581 [71-0%]).

1 012 (7-5%) des 13 500 personnes étaient défavorisées sur le plan socio-économique.

Parmi les 5 125 prescripteurs de PrEP, 4 542 (88,6%) étaient des médecins généralistes. Lorsque les numéros d’identification des prescripteurs et des médecins de famille ayant initié la PrEP étaient tous deux documentés (10 525 [78,0%] des 13 500 personnes ayant initié la PrEP), la PrEP a été initiée par le médecin de famille dans 4 713 (44,7%) des 10 525 cas.

Dans les 6 mois suivant l’initiation de la PrEP, 6 216 (70,8%) des 8 783 initiateurs de la PrEP ont eu au moins un renouvellement mensuel (moyenne 3,3 renouvellements [SD 1,7]). 11 961 (82,4%) des 14 507 renouvellements ont été effectués par le même praticien qui avait initié la PrEP, et cette proportion était plus élevée lorsque le prescripteur qui avait initié la PrEP était le médecin de famille (6 225 [92,5%] des 7 135 renouvellements).

Interprétation

Bien que le nombre d’initiations de la PrEP en soins primaires ait régulièrement augmenté au cours de la période d’étude, le profil des utilisateurs est resté inchangé par rapport à ce qu’il était avant l’extension. La proportion élevée d’initiations de la PrEP non prescrites par des médecins de famille met en évidence les barrières potentielles au partage des préoccupations de santé sexuelle avec le médecin de famille. L’extension de la PrEP aux femmes, aux personnes défavorisées sur le plan socio-économique et à tous ceux qui pourraient en bénéficier nécessitera une sensibilisation accrue des publics cibles et des praticiens.