Caractéristiques associées au risque résiduel de forme sévère de COVID-19 après un schéma vaccinal complet en France
Contexte
Avant la disponibilité des vaccins, les facteurs de risque de développer des formes graves de COVID-19 étaient principalement l’âge avancé et diverses comorbidités telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires, les troubles mentaux, les transplantations et les maladies rénales. Bien que les vaccins se soient avérés très efficaces pour prévenir les formes sévères de COVID-19, un risque résiduel peut persister, malgré la vaccination, pour certains groupes de population.
Méthodes
L’étude s’est appuyée sur les données de la base nationale de vaccination COVID-19 (VAC-SI) couplée au Système national des données de santé (SNDS), qui contient les données exhaustives de remboursement et d’hospitalisation pour toute la France. Toutes les personnes entièrement vaccinées au 31 juillet 2021 avec un vaccin nécessitant deux injections, c’est-à-dire les vaccins nCoV-19 mRNA BNT162b2, mRNA-1273 ou ChAdOx1, ou une dose unique pour les personnes ayant une infection antérieure confirmée ont été incluses et suivies jusqu’au 31 août 2021. Des modèles à risques proportionnels de Cox ont été utilisés pour estimer les rapports de risques ajustés (aHR) d’hospitalisation ou de décès à l’hôpital liés au COVID-19 associés à l’âge, au sexe, à l’indice de déprivation sociale, aux comorbidités et à un traitement immunosuppresseur ou à une corticothérapie orale à partir du 14e jour après la vaccination complète.
Résultats
Dans une population de 28 031 641 personnes entièrement vaccinées avec un suivi moyen de 80 jours, 5 345 (87 hospitalisations pour 100 000 personnes-années) ont été hospitalisées pour COVID-19 et 996 (16 décès hospitaliers pour 100 000 personnes-années) sont décédées à l’hôpital. En analyse multivariable, un risque plus élevé a été observé avec l’augmentation de l’âge, le sexe masculin et la déprivation sociale. La plupart des 47 maladies chroniques prises en compte étaient positivement associées à un risque accru d’hospitalisation lié au COVID-19 et à un léger excès de risque de décès. Le risque d’hospitalisation et de décès à l’hôpital pour COVID-19 augmentait également avec l’utilisation d’immunosuppresseurs (aHR 3,3 [2,8-3,8] et 2,4 [1,7-3,5], respectivement) et de corticostéroïdes oraux (aHR 2,8 [2,5-3,1] et 4,1 [3,3-5,1]).
Moins de 10 % (519/5 345) des cas hospitalisés et 2 % (24/996) de ceux qui sont décédés à l’hôpital n’avaient aucune comorbidité identifiée. Il y avait une forte association entre un nombre croissant de comorbidités et le risque d’hospitalisation et de décès à l’hôpital (par exemple, + de 5 contre aucune, aHR 10,1 95%CI 9,0-11,5 et 17,8 95%CI 11,5-27,4, respectivement).
Interprétation
Bien que la vaccination ait considérablement réduit l’occurrence des formes graves de COVID-19, un risque résiduel subsiste pour les personnes âgées, immunodéprimées et les populations polypathologiques et justifie des mesures préventives complémentaires.
La publication de cet article dans une revue à comité de lecture fait suite au rapport publié en février 2022.
Retrouvez l’article sur le site de The Lancet Regional Health – Europe