Trastuzumab deruxtecan dans le cancer du sein métastatique
Contexte
Le trastuzumab deruxtecan (T-DXd) est un anticorps conjugué anti-HER2 utilisé dans la prise en charge du cancer du sein sur-exprimant le récepteur HER2 (HER2-positif ou HER2-faible) au stade métastatique. Depuis 2020, ce médicament nouveau a bénéficié de plusieurs autorisations d’accès précoce en France. L’objectif de cette étude de vie réelle était de décrire les caractéristiques cliniques, la survie sans progression et la survie globale chez les patients utilisateurs, ainsi que les toxicités potentiellement liées au traitement, dans les différentes indications du T-DXd dans le cancer du sein.
Patients et méthodes
Nous avons utilisé la cohorte AP-MO, un registre des médicaments en accès précoce ou onéreux basé sur le SNDS, afin d’identifier les patients ayant initié le T-DXd dans le cadre d’un traitement du cancer du sein métastatique entre le 30 septembre 2020 et le 30 septembre 2023. Nous avons suivi les patientes jusqu’au 31 décembre 2023 ou au décès. En termes d’analyses, nous avons décrit les caractéristiques des patients à l’inclusion ; nous avons estimé la durée de traitement (proxy de progression ou de toxicité sévère) ainsi que la durée de survie globale par modélisation de Kaplan-Meier ; l’incidence des hospitalisations pour certains diagnostics a également été estimée, avant et après initiation du traitement. Les résultats sont rapportés selon l’indication du traitement : cancer HER2-positif en troisième ligne de traitement métastatique (HER2+ 3L) ; cancer HER2-positif en deuxième ligne de traitement métastatique (HER2+ 2L) et cancer HER2-faible en deuxième ligne de traitement métastatique (HER2-low 2L).
Résultats
La cohorte comprenait 5 890 patients, dont 2 010 (34,1%) HER2+ 3L, 1260 (21,4%) HER2+ 2L, et 2620 (44,5%) HER2-low 2L. Pour les trois groupes respectifs, l’âge médian à l’inclusion était de 59 ans [intervalle interquartile (IQR) 51-69 ans], 59 ans (50-68 ans), et 61 ans (52-70 ans) ; 34,8%, 30,2%, et 16,0% présentaient des métastases cérébrales ; 14,2%, 13,7%, et 13,4% présentaient une maladie cardiovasculaire ou des antécédents de maladie cardiovasculaire. La médiane de survie globale était de 30,2 mois [intervalle de confiance à 95 % (IC) 28,1-33,5 mois] pour les patients HER2+ 3L, n’a pas été atteinte pour les patients HER2+ 2L, et était de 16,8 mois (IC à 95 % 14,5 mois – borne supérieure non atteinte) pour les patients HER2-low 2L. L’incidence des hospitalisations pour troubles cardiaques, respiratoires, digestifs et hématologiques était similaire pour les patients HER2+ traités en deuxième ou troisième ligne, alors que les patients HER2-low avaient des taux d’incidence d’hospitalisation plus élevés pour ces événements. Pour l’ensemble de ces événements, l’incidence après initiation du traitement par T-DXd était augmentée par rapport à l’incidence sur un période comparable avant initiation.
Conclusion
Dans cette vaste étude observationnelle française, les utilisateurs de T-DXd étaient plus âgés, présentaient plus de comorbidités et avaient plus de métastases cérébrales que les patients inclus dans les essais cliniques ayant permis la mise sur le marché du T-DXd. L’expansion rapide des indications cliniques du T-DXd nécessite une surveillance renforcée et une prise en charge rapide de la toxicité liée à ces traitements.
Retrouvez l’article sur le site de ESMO Open