Le 14 novembre 2024

Vaccination contre la coqueluche pour les femmes enceintes

Vaccination contre la coqueluche pour les femmes enceintes dont la grossesse a commencé entre août 2023 et mars 2024, dans le contexte épidémique de 2024 en France
Contexte

La coqueluche, une maladie respiratoire contagieuse causée par la bactérie ‘Bordetella pertussis’, est endémique, et connaît des épidémies plus importantes attendues tous les trois à cinq ans. Après quelques années de circulation limitée en Europe, notamment pendant la pandémie de COVID-19, une recrudescence des cas de coqueluche  a été constatée en 2023 et en 2024. Le risque de morbidité et de mortalité est particulièrement élevé pour les nourrissons de moins de 6 mois non vaccinés ou partiellement vaccinés. Les programmes nationaux de vaccination contre la coqueluche dans les pays européens visent ainsi à réduire la morbidité et la mortalité chez les nouveau-nés. Dans ce cadre, la vaccination maternelle s’avère être une approche très efficace pour atteindre cet objectif, avec des réductions estimées du risque de coqueluche allant de 70 à 95 %.

 

Depuis 2023, la coqueluche a connu une résurgence sur le territoire national français avec des augmentations de cas très significatives observées au premier trimestre 2024, lesquelles se sont intensifiées au cours de ces derniers mois. Afin de réduire le risque de formes graves chez les nouveau-nés et les nourrissons, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande depuis 2022 la vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche à partir du deuxième trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée (SA). Cette mesure est la plus efficace pour protéger le nourrisson dès la naissance grâce au transfert transplacentaire des anticorps maternels. Elle préconise également que la vaccination soit effectuée à chaque grossesse, même si une vaccination a déjà eu lieu auparavant. La HAS, face à ce contexte de recrudescence marquée des cas de coqueluche, avec un nombre de décès particulièrement élevé chez les nouveau-nés et les nourrissons, a été sollicitée en juin 2024 par le ministère chargé de la santé pour renforcer les recommandations vaccinales.

Ainsi, depuis juillet 2024, la HAS recommande un rappel vaccinal pour toutes les personnes susceptibles d’avoir un contact rapproché avec des nouveau-nés et nourrissons de moins de 6 mois, si la dernière injection reçue date de plus de 5 ans.

 

Objectifs

L’objectif de ce travail est d’estimer le taux de vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes en France dans le contexte épidémique de 2024, ainsi que d’étudier les caractéristiques de ces femmes et les facteurs influant sur la vaccination.

 

Résultats

Au total, en tenant compte de l’ensemble des déclarations de grossesse enregistrées dans la table historique de la maternité à la date du 1er octobre 2024, 386 712 femmes avaient débuté leur grossesse entre le 1er août 2023 et le 31 mars 2024, avec près de 50000 grossesses déclarées par mois en France. Parmi elles, 59,4% avaient accouché à la date du 1er octobre 2024. Le taux de vaccination contre la coqueluche dans cette population s’élevait à 63,2% (soit 244 422 femmes) dont plus de 90% avaient été vaccinées entre la 18ème et la 34ème semaine de grossesse. Les deux vaccins les plus utilisés étaient le REPEVAX® (67,4%) et le BOOSTRIXTETRA® (32,2%).

 

Parmi les 304 534 femmes ayant atteint au moins 34 semaines de grossesse à la date de fin de suivi, fixée au 1er octobre 2024, le taux de vaccination s’élevait à 65,4%. Après avoir différencié les femmes dont la grossesse a commencé entre août et décembre 2023 de celles ayant débuté en 2024, les taux de vaccination étaient respectivement de 63,8% et de 72,4%.

 

De très fortes disparités régionales ont été observées concernant la couverture vaccinale contre la coqueluche parmi ces femmes. En effet, les taux étaient nettement supérieurs à la moyenne nationale dans les régions situées dans le nord et l’ouest de la France telles que les Pays de la Loire (80,9%), la Bretagne (80,3%), la Normandie (79,9%), la Nouvelle-Aquitaine (75,4%) e les Hauts-de-France (72,5%). En revanche, les taux les plus faibles ont été constatés dans les DOM (35,1% dont 15,9% en Guadeloupe, 8.1% en Martinique et 5.1% en Guyane), ainsi qu’en Corse (46,2%), en Provence-Alpes-Côte d’Azur (58,7% avec 31.1% dans le département des Alpes-de-Haute-Provence), en Ile-de-France (59,3% avec des taux très variés allant de 46.6% pour le Val-d’Oise à 75.1% pour Paris), en Occitanie (61,2%) et dans le Grand Est (61.4%)).

 

Par ailleurs, les indicateurs socioéconomiques mettaient en évidence un léger déséquilibre entre les femmes ayant été vaccinées contre la coqueluche pendant leur grossesse et celles qui ne l’avaient pas été. En effet, les femmes vaccinées bénéficiaient moins de la complémentaire santé solidaire (16,7% vs. 32,1%), avaient moins recours à des consultations auprès de services de PMI (3,9% vs.4,4%), étaient plus souvent issues de communes plus favorisées (FDep 1er quintile (moins défavorisé) : 22,1% vs. 16,6%) et vivaient dans des communes offrant une meilleure accessibilité potentielle localisée aux médecins généralistes (APL MG 4ème quartile : 26,2% vs. 22,5%).

 

Conclusion

Ces résultats montrent que la vaccination des femmes pendant leur grossesse contre la coqueluche, recommandée par l’OMS et déjà mise en œuvre par une trentaine de pays dans le monde depuis au moins dix ans, a été largement suivie durant l’épidémie 2023/2024, malgré son caractère non obligatoire. En effet, le taux de vaccination connaît une forte hausse en France chaque année depuis 2021. Selon les données du registre Epi-Mères (grossesses-enfants) construit par EPI-PHARE à partir du SNDS, les taux de vaccination étaient respectivement d’environ 41%, 12%, et 2% pour les années 2023, 2022, et 2021. Ce taux de vaccination des femmes enceintes a par la suite atteint environ 65% dans le contexte épidémique de 2023-2024.

 

La forte augmentation de ce taux de couverture élevé semble témoigner de l’efficacité des actions de sensibilisation de l’Etat et de l’Assurance Maladie auprès des femmes enceintes. Cependant, des actions visant à la fois à réduire les disparités au niveau régional et à améliorer le niveau de la couverture vaccinale dans certains départements sont encore nécessaires.

 

Rapport

Vaccination contre la coqueluche pour les femmes enceintes dont la grossesse a commencé entre août 2023 et mars 2024, dans le contexte épidémique de 2024 en France